Respect, dominance, leadership, désensibilisation … ces incompris !

Et si nous parlions de mots, des idées qui aimeraient être véhiculées, des croyances et enfin de la réalité scientifiquement prouvée, en décalage avec les explications. Finalement comment peut-on mettre des mots sur nos observations et nos pratiques de communication et d’éducation en lien avec le comportement ? Ces mots sont utilisés pour expliquer, observer, analyser les comportements animaliers. Ici nous nous intéresserons aux chevaux. Ces mots sont repris dans diverses méthodes d’éducation basées sur le comportement, dont le Clicker training, les Savoirs éthologiques, Horseman science, Happy Horse Happy Life, ou encore le programme Parelli, entre autres pour ne citer que ceux-là. Or on se retrouve face à un petit (énorme en fait) problème : la différence entre ce qu’on aimerait expliquer, appliquer et la réalité ! Cela fait un moment maintenant dans toutes mes lectures et recherches, que j’essaie d’avoir des explications afin d’être en accord avec ma pratique. Les retours de mes chevaux me laissent à penser que je suis juste, et je souhaite que mon enseignement, mes explications et mes analyses théoriques puissent l’être tout autant. Il y a pour chaque mot, d’un côté leur définition de base que l’on trouve dans n’importe quel dictionnaire, et leur définition scientifique, éthologique pure, qui ne s’applique que dans les interactions chevaux-chevaux. Voyons ensuite quels liens nous pouvons faire (ou pas), et donnons du sens à ce que nous croyons et à ce que nous faisons. Bienvenue dans le musée des incohérences !

Un mot après l’autre

Désensibilisation :

Définition = Domaine de la sensibilité, de l’émotivité, de l’affectivité. Faire perdre ou empêcher toute réaction émotive à, rendre incapable de témoigner de la sensibilité, de l’intérêt à (un événement, un objet, une personne, etc.). Réduire ou supprimer, par traitement thérapeutique ou psychologique, l’hypersensibilité, l’hyperémotivité de (quelqu’un), rendre moins sensible ou insensible à l’agressivité. (Source CNRTL le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). On commence plutôt avec le musée des horreurs en fait quand on y pense … Vous souhaitez réellement dénuer votre cheval d’une de ses plus grande qualité à ce point ? Pour en faire une table ou une statue de marbre à l’entrée de chez vous pourquoi pas, mais si c’est le cas, je crois que côté relationnel, cela risque de vite manquer d’intérêt. Or ce mot est employé à tort et à travers en permanence et me reste personnellement en travers de la gorge. Quels que soient les principes d’éducation que vous choisirez d’employer pour votre cheval, j’espère grandement que votre communication reposera surtout sur l’équilibre parfait entre relation et partenariat réciproques, et non de tomber dans l’extrême de la “désensibilisation”.

Ce mot est apparu en souhaitant éduquer l’hyper sensibilité des chevaux, et ne plus obtenir une réaction, mais plutôt une réponse adéquate et sécuritaire à différents stimuli et situations dans notre monde d’humains. Dans le programme Parelli, on préfère ici parler de Jeu de l’amitié, ou de jeu de la mise en confiance. Le principe psychologique de ce jeu n’est pas de présenter et secouer tous les objets, bouteilles, sticks et sacs plastiques bleus, verts, jaunes, rouges …… ah non moi mon cheval il a peur du violet …… en fait non, ce n’est pas à propos de ce que vous présentez au cheval ! C’est à propos de VOTRE ATTITUDE ! Comment présentez-vous cet objet à votre cheval ? Comment vit-il cette situation d’un bruit qui l’a surpris et donc effrayé et qu’avez-vous fait de cette situation ? C’est votre ATTITUDE et VOS CONNAISSANCES qui créent une communication, un langage et enseignent à votre cheval que jamais il ne devrait douter qu’un jour vous puissiez le blesser, ni le manger. Le jeu de l’amitié construit et apporte au cheval de la SECURITE. Dans la pratique, on ne dit pas “Je vais désensibiliser mon cheval à la bâche” par exemple, ni même à quoi que ce soit d’autre. Mais, je vais construire la confiance de mon cheval pour appréhender telle ou telle situation en jouant le jeu de l’amitié dans l’une des 5 aires de confiance dont a besoin mon cheval pour se sentir en sécurité, à savoir :

  • Confiance en lui-même en tant qu’élève qui ose découvrir
  • Confiance en vous en tant qu’enseignant juste et fiable
  • Confiance en l’environnement
  • Confiance aux autres chevaux
  • Confiance en vous en tant que leader ou preneur d’initiatives : nous reviendrons sur ce point important plus bas dans l’article à propos du leadership

Une élève m’a dit un jour qu’elle avait mal “désensibilisé” son cheval à ses mouvements amples au sol, car lors d’un stage, l’intervenant avait demandé aux stagiaires de courir vers leurs chevaux et de sauter partout afin d’évaluer leur “désensibilisation”. C’est là encore VOTRE ATTITUDE et CELLE DES AUTRES AUTOUR ainsi que la nervosité ou non de l’ensemble du groupe de chevaux autour qui vont déterminer l’état de relaxation de votre cheval. Est-ce que vous avez souvent effectué de grands gestes autour de lui ? Toujours dans la carrière ou toujours à l’aire de préparation ? A quel moment de votre échauffement ? Quel était l’échauffement mental et émotionnel de votre cheval ce jour du stage ?

Un autre exemple est celui d’un élève de Pat Parelli qui était très fier de l’informer qu’il pratiquait tellement bien le jeu de la mise en confiance, que son cheval n’avait même plus peur des ours arrivant dans son parc. Pat était alors très déçu et triste pour son élève car le jeu n’avait pas été suffisamment bien enseigné ! Avoir confiance, ne signifie pas être dénué de sens et d’instinct de survie. Mes chevaux passent tous sur tous types de passerelles de toutes hauteurs, étroitesses et matériaux. Les rares fois où ils ne veulent pas passer, ils ont toujours raison car ils sentent alors un danger !!

Construisez la confiance et la relation entre vous avez votre cheval, mais ne le DESENSIBILISEZ PAS !

Respect :

Définition = Considérer quelqu’un avec respect, porter une profonde estime à quelqu’un, le traiter avec égards en raison de son âge, sa position sociale, sa valeur morale ou intellectuelle (Source CNRTL le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). Il s’agit bien ici de particularité entre humains. Les chevaux entre eux n’ont pas la moindre idée de ce que être respectueux signifie. Ils agissent à un instant T pour répondre à un besoin. Si nous utilisons ce mot dans des analyses de comportement, alors c’est de l’anthropomorphisme : nous prêtons aux chevaux une analyse comparative de comportement par rapport à nos propres codes sociaux. Exemple : C2 s’est déplacé pour éviter C1 qui allait le mordre s’il progressait 10cm plus loin, donc C2 a effectué un comportement d’évitement (gain de sécurité et de confort par évitement de la morsure) par rapport à C1 qui agissait ainsi pour son confort personnel (finir ses carottes, poursuivre sa sieste, etc.) ou par interaction de jeu (qui bouge qui).

Dans la pratique, on a eu pour habitude de définir le Respect entre l’humain et le cheval par : Réponse appropriée de cession à une pression physique ou à une pression mentale (type suggestion). Est-ce que cela signifie que le cheval nous reconnait une position sociale ? NON

Est-ce que cela signifie que le cheval nous reconnait une autorité, une valeur, une supériorité ? NON

Et c’est ici qu’il peut y avoir confusion. Dans l’éducation, et dans la vie de tous les jours, les chevaux apprennent par association, et par recherche de trois fondamentaux pour eux : Sécurité, Confort et Jeux d’interaction. En ayant appris à céder rapidement et avec légèreté à une pression, le cheval acquiert rapidement du CONFORT. Sa recherche dans son comportement est d’obtenir du confort, et non de nous témoigner du respect. Le mot “respect” est utilisé à tort pour une image que nous avons, et que nous nous faisons de l’éducation et des comportements appris au cheval. Ce n’est pas une réalité de fonctionnement comportementale. Est-ce un manque de mot à disposition pour expliquer une idée avec une visualisation simplifiée pour aider les élèves à comprendre ? Un défaut de langage qui s’est imposé de lui même par défaut d’habitude ? Chez Parelli, on a tendance à encore entendre ce mot, même s’il est progressivement remplacé par “Rechercher à ce qu’un cheval soit En réponse” dans les demandes, et dans son éducation. On observe donc davantage la qualité de réponse donnée en fonction des circonstances plutôt que de raccourcir et simplifier en tombant dans une analyse fausse telle que “répondre avec respect ou sans respect” qui là serait un non sens lexical.

Dominance :

Définition = Fait de dominer, d’exercer un pouvoir souverain ou prépondérant dans l’idée d’obtention d’une supériorité (Source CNRTL). D’un point de vue éthologie intra spécifique : position relative de deux individus résultant de l’établissement d’une hiérarchie sociale dans le groupe. (Elle est fondée sur l’établissement des rapports de force à la suite de situations agressives.) (Source Larousse encyclopédie)

Je prends exprès les définitions données dans le sens commun le plus large, car c’est ce qui est utilisé. D’un point de vue éthologie scientifique toujours intra spécifique : utilisation d’un comportement spécifique, selon un schéma, afin d’atteindre prioritairement une ressource précise (eau, nourriture, abri, etc.) (Source Science direct https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0737080617300059?fbclid=IwAR3fPne6ZJmH7WL-wlKynwXPsWtJtHdHZLmkh8g_6_ad9y-KewwQDQpBRKY#ack0010)

Ces traits de comportements sont observés entre les individus d’une même espèce. Historiquement, surtout en France avec notre apprentissage militaire de l’équitation, on retrouve ces mots de “respect” et “dominance” vis à vis de l’animal qui doit être “soumis”. Or scientifiquement cela ne colle pas avec le fonctionnement inné du cheval. Je vais ici développer davantage car dans les programmes aussi bien Happy Horse que Parelli, c’est un mot que l’on retrouve dans l’idée de donner une certaine visualisation dans les jeux, mais je pense que l’on peut trouver de meilleurs mots afin d’être plus proche du sens à transmettre, plus juste, et plus proche de la réalité scientifique.

Dans le troupeau : Hiérarchie des individus enseignée jusque là : Une jument alpha mène le troupeau et donne les grandes directives de déplacements des individus les uns par rapport aux autres, que cela soit pour les faire bouger, ou pour les amener d’une ressource à une autre. L’étalon chef protège le troupeau des agresseurs (prédateurs ou étalons concurrents). Les individus sont classés par ordre hiérarchique linéaire : 1, 2, 3, 4, ……..20. L’image serait pratique, mais c’est une fausse réalité scientifique, ce n’est pas si simple. Hiérarchie et fonctionnement réels des troupeaux d’après les études éthologiques connues à ce jour (Sources IFCE, ISE, Thehorse.com, livescience.com, etc.) : Dans une même zone environnementale, on recense autant de mâles que de femelles. Les troupeaux sont de petits groupes d’individus avec un étalon reproducteur, 3-4 juments, des poulains et des jeunes jusqu’à 2 ans, avant qu’ils ne se fassent remercier de rejoindre les groupes de mâles célibataires. Les groupes de célibataires gravitent autour dans des environnements proches. Les juments défendent autant les poulains que l’étalon qui est déjà fort occupé à repousser les concurrents fréquents. Aussi bien dans le groupe de célibataires, que dans le troupeau avec l’étalon reproducteur, les preneurs de décisions de mouvements, ou d’accès à une ressource ne sont pas nécessairement les plus hauts situés dans la hiérarchie. La place hiérarchique de supériorité d’un individu par rapport à l’autre n’est pas la même à vie, et surtout peut rester indéfinie durant de longues périodes où l’on observe des situations de jeux et d’interactions très fréquentes, et parfois très intenses ! L’étalon n’est pas un alpha. Il doit demander autorisation à ces dames qui ont le dernier mot pour la reproduction. Une même jument fait rarement un poulain chaque année, en revanche la jument présente une forte fertilité lorsqu’elle a décidé d’aller à l’étalon. Concernant les groupes de célibataires, ces groupes ont des interactions riches et fréquentes les uns avec les autres. Là encore pas de hiérarchie en linéarité, et on peut observer par exemple ces types de structure C1, C2 fonctionnent souvent ensemble, avec en dessous C3, C4, C5, C6 qui fonctionnent ensemble. On peut parler d’interactions amicales. C5 pourrait être un individu plus indépendant, s’isolant fréquemment, tout en ayant le reste du troupeau en visu. Il peut aussi être un déclencheur d’initiative et amener tous les autres mâles à le suivre jusqu’à une prochaine ressource.

Dans notre réalité d’humains : Le mot dominance n’a pas sa raison d’être du fait que l’on ne cherche pas à accéder à l’une des ressources de notre cheval avant lui. On est d’ailleurs plus souvent en train de les lui procurer plutôt que d’être dans une certaine forme de compétitivité. De même jamais vous n’entrerez dans le troupeau avec les chevaux vous regardant tel un alpha supérieur, pas plus qu’ils ne vous prendront pour un cheval même en utilisant les jeux inspirés des comportements et des interactions qu’ils ont entre eux. Et ce n’est pas le but ! Notre but est de créer une communication compréhensible du cheval, qui a du sens pour lui, et de subvenir à ses besoins que sont Sécurité, Confort et Jeux dans tout ce que nous faisons avec eux. De l’entraînement dressage sur cavaletti, à la séance de cardio sur la piste de galop du cross, à la sortie balade sur la plage, etc. nos chevaux ont toujours les mêmes besoins, qui, par une communication appropriée sont relativement simples et rapides à fournir. Donc les séances que nous avons avec nos chevaux, ou nos intentions d’attirer par exemple tout le troupeau à nous suivre pour changer de parcelle en liberté, sans se faire bousculer. Ce n’est pas le résultat d’une instauration de dominance, de respect ou quoi que ce soit d’autre. C’est d’avoir communiqué une intention comprise à un instant T, par l’éducation, qui procure alors un besoin satisfait au cheval. Et c’est tout !

Le mot dominance est souvent utilisé dans des observations de feedback faciaux, d’attitudes ou de comportements des chevaux dans les moments de jeux, que l’on nomme aussi interactions. C’est là où il serait peut-être plus juste de pouvoir le remplacer par “qui fait bouger qui” ou “choix du meneur”, etc. Parfois les chevaux souhaitent prendre les décisions à notre place pour X ou Y raison, et ainsi obtenir un besoin fondamental. Or les interactions, et jouer vraiment le jeu, quand vous avancez dans le programme vous saisissez vraiment ce que cela signifie pour les chevaux. Qui sont de plus en plus demandeurs de séances de jeux, d’interactions avec leur humain. Le cheval est tellement brillant à lire notre langage corporel, et à parvenir à nous faire faire des choses, qu’il joue à nous faire bouger subtilement, l’air de rien, ou de manière flagrante. Quelques exemples : venir à nous avec le nez tendu en avant et les oreilles en arrière, brouter à côté de nos pieds, voir vouloir vraiment cette touffe d’herbe qui était sous nos pieds, envoyer les postérieurs dans notre direction sur le cercle quand on lui demande de galoper, se cabrer quand on demande de reculer, secouer l’antérieur et l’agiter quand on demande le pied pour lui curer, gratter le sol ou frapper le sol quand on demande une immobilité ou des déplacements précis par exemple pour ouvrir et fermer une barrière à cheval, secouer franchement la tête, nous bousculer et frotter son nez contre nous ou le seau quand on amène le fourrage ou la ration, etc. Les exemples sont multiples, et quand ces comportements ne sont clairement pas suite à une peur (tous les phénomènes douloureux quels qu’ils soient rentrent dans la catégorie de la peur), ou suite à une confusion, alors c’est un comportement de jeu pur et simple sur qui fait bouger qui, et qu’est-ce que le cheval parvient à obtenir en agissant ainsi. C’est à ce moment là où le mot dominance, s’il est utilisé, est selon moi mal placé. Interpréter une réponse, une attitude comme un fonctionnement de “dominance” de notre part sur le cheval (et vice versa) est autant un non sens lexical, que l’utilisation du mot “respect”. Nous tombons dans l’anthropomorphisme.

Relation et partenariat à dose égale : Le programme Parelli repose sur l’équilibre réciproque de la relation et du partenariat avec notre cheval. Le cheval doit pouvoir autant trouver son compte à évoluer avec nous, que nous avec lui. Et cela en instaurant un langage compréhensible, de plus en plus fin et élégant. Si vous vous demandez là maintenant pourquoi vous avez un cheval ou pourquoi vous allez au centre équestre ? C’est avant tout parce qu’on les aime ces animaux ! Or de l’autre côté, de leur point de vue, ils ne vont pas dire à leurs copains dans le troupeau “Hey regarde y’a mon humain qui vient et que j’adore car c’est toujours moi qui ai droit au plus gros sac de carottes ou aux dernières guêtres à paillettes !”. En revanche là il sait que vous êtes un garde manger très efficace ^^

Relation et partenariat se construisent en respectant les besoins du cheval. (Normalement à ce niveau de l’article vous devriez les voir apparaître dans votre tête sans que j’ai besoin de les écrire). N’importe qui peut faire faire des choses aux chevaux. En sachant comment ils apprennent, ce n’est pas bien compliqué. En revanche, peu nombreux sont ceux qui peuvent affirmer que leur relation est tellement forte, que le cheval est prêt volontairement à proposer de réaliser des choses pour vous, et là j’insiste sur le “réaliser des choses en étant complètement volontaire et décontracté”. Et non sortir tous les boutons de la télécommande, en étant frustré, agacé, précipité … En plaçant les besoins du cheval au premier plan, vous serez épaté de voir combien les sentiments de votre cheval vont changer vis à vis de vous. Le ressentir dans son corps, dans son regard, dans son énergie …

Leadership :

Définition = Position d’une nation ou d’un groupe qui place sous sa mouvance, et parfois sous sa tutelle, une autre nation, un autre groupe. (Source Larousse)Ce mot Anglais a pour origine le regroupement et l’encadrement de communes et communautés anglaises (fin du XIXè) (Sources CNRTL). C’est un mot qui s’est vulgarisé et devenu à la mode ces dernières années dans le management d’entreprise ou de groupes de sportifs. Le leadership a largement été étudié chez les mammifères de toutes sortes. Voici ce qu’il en ressort du point de vue de l’éthologie scientifique : “Le leadership décrit le processus d’influence sociale dans lequel des leaders spécifiques semblent guider les actions des membres du groupe tels que les changements d’activité ou de lieu [46]. En conséquence, un suiveur est tout individu qui suit ou rejoint le leader pour une certaine activité, alors que les «initiateurs» ont la propension à être suivis [46] , [47] . Dans la littérature comportementale, le leader peut être désigné comme l’individu se déplaçant devant le groupe, comme le premier animal partant, ou tout individu parvenant à recruter des suiveurs.” (Sources Science Directe ; vous pouvez cliquer sur les numéros qui sont des liens directs)

On comprend donc bien que leader est synonyme d’initiateur de prise de décision et de mouvement, et non une acquisition de statut hiérarchique ou de posture supérieure. Le leadership, ou comment amener naturellement quelqu’un sur le tremplin de la progression. Socialement parlant, dans le management de groupes, on développe de bonnes compétences en leadership lorsque l’initiateur arrive à faire en sorte que les suiveurs acquièrent eux-mêmes de nouvelles compétences, les met en situation de manière à ce qu’ils puissent se développer en autonomie, ou presque, en veillant à ne servir d’aide qu’au moment où celle-ci serait sollicitée. Savoir inspirer et créer de la motivation en étant l’exemple que l’on aimerait voir se développer. Regardez autour de vous, et observez naturellement qui vous auriez envie de suivre, d’imiter, qui vous inspire et vous fait rêver ? Ce n’est pas quelqu’un qui vous contrôle et vous dit quoi faire, ni qui vous blâme pour vos faiblesses ou votre incapacité à réaliser telle ou telle tâche. Ce n’est pas non plus une perversion psychologique où vous faites des choses pour votre boss parce que vous craignez plus ce que vous risquez de perdre, plutôt que d’être motivé par ce que vous pourriez gagner.

Dans notre quotidien équestre : à partir du moment où vous avez conscience qu’être un leader n’est pas être synonyme d’être le boss, alors vous pourrez aider votre cheval à se développer, non pas en lui faisant faire des choses pour vous, mais en l’invitant à se développer POUR LUI ! D’ailleurs toujours penser que dès lors qu’on utilise une phase 4, nous perdons un jeu à deux, le cheval et l’humain. Les jeux doivent être vus et enseignés de manière à ce que le cheval comprenne leurs buts et le confort, les bénéfices qu’il y trouve en cherchant à accéder aux buts, et non penser que le cheval cherche un but par évitement de la phase 4.

Parfois quand on est propriétaire on peut se retrouver dans des situations extrêmement frustrantes : «J’ai acheté le cheval, je paie sa nourriture, son logement, sa formation et son matériel. Je lui apporte tout ce que je peux pour contribuer à son bien être. Il pourrait quand même faire ce qu’on lui dit.» Or cela n’est pas si simple si justement vous ne jouez pas le JEU, ou encore les INTERACTIONS, ou encore le QUI FAIT BOUGER QUI, au niveau des attentes de votre cheval ! Bienvenue dans la seconde partie du 50/50 entre relation et partenariat. Pour un bon partenariat, il faut parvenir à comprendre ce que bon leadership signifie aux yeux d’un cheval, et plus particulièrement aux yeux de VOTRE cheval. Le votre n’a peut-être pas la même sensibilité, la même émotivité, la même finesse, la même susceptibilité que celui de votre collègue ou ami pour qui tout semble très simple, aller de soi, sans jamais de remise en cause. Un leader a un plan (de jeu, de séance, de vie, etc.), et vous aimeriez être capable de vous créer le vôtre pour réaliser vos rêves et vos objectifs de la même manière. Dans un monde où les chevaux et les humains ont la possibilité de répondre “Non”, le vrai leadership a une signification bien précise : vous devez comprendre et vous mettre à la place de celui qui est en face : ses capacités, ses peurs, ses forces et ses désirs. Et vous avez pour responsabilité de montrer à votre cheval quel est le but dans chaque jeu, et quelles gratifications il a à gagner. Bravo ! Vous avez rempli votre deuxième partie des 50% de relation, et 50% de Jeux de partenariat !

Article original, créer intégralement par Sarah Fricoteaux, enseignante spécialisée dans le comportement et la psychologie équine

Note : ces sujets étant particulièrement faciles à interpréter ou à déformer, n’hésitez pas à me faire part de vos retours en cas d’incompréhension ou de syntaxe litigieuse que vous auriez trouvé dans l’article. Les connaissances scientifiques et de pratique sur le terrain évoluant avec le temps, article susceptible de s’adapter à mesure de l’arrivée de découvertes comportementales. J’ai volontairement choisi de ne pas donner d’analyse comportementales aux photos d’illustration. Une analyse est valable à un instant T et en live. Une photo peut servir d’illustration pour souligner un propos, mais inversement un 10è de seconde d’image serait à côté de la réalité si on ne se base que sur ce moment précis. Merci de votre compréhension.

Avec Snoop en pleine sieste

Cet article a 6 commentaires

  1. Laure MICHEL

    Quel beau programme, plein de promesses… Il me tarde de découvrir chaque module, expérimenter et pouvoir partager sur ces apprentissages !

  2. Aurélie HABASQUE

    Le concept d’erreur virtuelle est très intéressant. Pour ma part, à chaque fois que j’ai visualisé les événements, je suis tombée dans le piège de me voir échouer. Ça me provoque les mêmes émotions qu’en vrai et parfois même des réactions physiques (mains moites, etc). Par exemple, je me suis fait très peur en extérieur avec mon jeune cheval il y a quelques années, à cause d’une erreur de jugement de ma part, et sûrement un peu d’ego. Aujourd’hui encore, à chaque fois que je visualise une sortie, j’ai le cœur qui s’accélère, je ressens comme des décharges dans les mains etc. Si je visualise les choses, je ne le fais généralement pas de manière positive.
    Des erreurs j’en referai probablement encore. Alors j’aimerais réussir à canaliser / diriger la visualisation pour qu’elle soit positive. Je vais essayer, en mode « apprentissage » 🙂

    1. Je pense que le cours sur la gestion de la peur par anticipation t’aidera beaucoup aussi. Et oui la visualisation vers ce que l’on souhaite obtenir est tellement puissante !

  3. Kristel MOUNIVONG

    QUI CONDUIT QUI ? (cheval menaçant avec ses congénères):
    Galway peut se montrer agressif avec ses congénères en extérieurs. Souvent avec ceux qui sont trop agités ou peu sur.
    Je n’était pour lui pas assez fiable pour protéger notre duo (je pense).
    En utilisant cette méthode, Galway s’améliore de balade en balade, il faut cependant que je reste vigilante. Il peu se montrer très agressif surtout lorsque je suis dans les parages… (dents en avant, oreilles plaquées, botte….). J’ai loupé quelque chose par mon manque d’expérience au départ de notre relation mais j’ai l’impression de prendre le leadership avec la technique expliquée ci-dessus. Cela fait plusieurs sorties que Galway me fait confiance pour gérer notre duo mais cela reste encore fragile (couche parfois les oreilles). Je dois continuer a être vigilante mais on s’améliore.
    Merci pour cet article très intéressant !

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